J’ai longtemps hésité avant d’écrire ce billet.
J’ai aussi hésité avant de cliquer sur publier…
J’avais peur des réactions...
J’avais peur que mes épreuves viennent tout gâcher dans votre esprit à propos des 8 derniers mois que nous avons passés.
J’ai peur d’entendre, à mon retour, que c’est dommage d’avoir réalisé un voyage comme celui-ci, ponctué de tant d’épreuves…
Ce voyage était le rêve de ma vie.
Évidemment, je ne peux m’empêcher d’être triste pour mon chum et mes enfants qui ont dû subir, à certaines périodes, mes problèmes de santé, mais je garde de merveilleux souvenirs des gens, de ce que nous avons accompli et de notre vie au quotidien dans un village de brousse en Afrique .
Au travers de ces épreuves, il y a tout un vécu quand même!
J’ai toutes sortes d’images et de bouts de films qui me reviennent régulièrement en tête et je suis assez fière de nous.
Pour moi et les enfants, le voyage s’arrête le vendredi 20 avril 2012.
Je dois repartir au Canada plus tôt que prévu. (On n’est pas à un imprévu près…)
Après avoir passé un examen à Paris (rien de moins), j’ai eu le choc d’un diagnostic difficile à digérer qui m’oblige à subir une autre opération suite à ce que j’ai vécu en Afrique.
Je me sens mal d’écourter notre voyage en France au moment où c’était si facile et agréable pour toute la famille, mais je suis impatiente de me retrouver entourée de tous ceux que j’aime. Le simple fait de ne pas avoir à vivre cette dernière (en espérant que ce le soit) épreuve toute seule rend ma situation beaucoup moins pénible.
Malgré ces moments difficiles, je dois me rappeler que nous avons accompli beaucoup pour la petite communauté de NDioum, pour celle de Guédé Chantier et pour nous.
Nous avons quitté en leur laissant un centre informatique avec internet, une bibliothèque bien remplie grâce aux dons des écoles et de la commission scolaire de Portneuf et un soutien pédagogique à ceux qui en avaient besoin (instituteurs ou élèves).
Nous avons également beaucoup fait pour nos voisins; Stéphane a appris à conduire à Oumar afin qu’il devienne ambulancier, nous avons donné plusieurs cours aux enfants des voisins (des maths par Stéphane et du français avec moi), nous avons nourri des talibés, nous avons accueilli Binta et Momodou comme s’ils étaient nos propres enfants, nous en avons initié plus d’un à l’informatique et plus encore….
Pour ce qui est de la Bretagne, nous étions bien installés, les enfants aimaient leur école et nous aimions visiter les villages avoisinants en s’arrêtant dans des petits restos traditionnels pour dîner.
Bref, pour me libérer un peu de mon sentiment de culpabilité, j’ai proposé à Stéphane de rester encore un peu et de profiter de la voiture que nous avions déjà payée. Mes problèmes de santé ainsi que le bras d’Anthony l’ont beaucoup préoccupé et je crois que lui aussi mérite de vivre certaines expériences auxquelles il rêve depuis toujours. (Pourvu que ça n’implique pas une grande blonde athlétique rencontrée sur une pente de ski…)
Je me suis toujours dit qu’il faut savoir tirer avantage des évènements et sauter sur les opportunités.
(Pourvu que ça n’implique pas une petite brunette souriante rencontrée dans une auberge de jeunesse…)
Les enfants débordent de joie à l’idée de revenir au Canada. Moi j’y suis forcée, mais également très excitée de me retrouver auprès des miens. Quant à Stéphane, il pourra poursuivre, tout doucement, sans aucun stress, au gré du vent et de ses humeurs, en effectuant un virage de 1800 de la planification familiale initiale, vagabondant d’un attrait touristique à l’autre (bon, je vais arrêter d’en mettre, je commence à être jalouse…), 17 jours de plus!! C’est dans les Alpes qu’il décide d’aller retrouver la forme et skier jusqu’à s’épuiser. (De plus, à son retour, il sera tellement heureux et paisible que je pourrai lui faire rénover tout le salon et la cuisine selon mes goûts!!) J
Les prochains billets seront, pour la plupart, signés Stéphane Girard!